L’ITAA tire la sonnette d’alarme : « L’augmentation des charges administratives pèsent sur l’attractivité du secteur »

Bruxelles le 9 novembre 2023 - A l’occasion de la journée internationale de l’expert-comptable et du conseiller fiscal, l’ITAA, l'Institut des conseillers fiscaux et des experts-comptables belges, publie les résultats de son baromètre annuel¹ qui sonde le moral de ses membres et de leurs clients.

La confiance des membres et de leurs clients en légère amélioration

La confiance des experts-comptables et conseillers fiscaux reprend quelques couleurs. C’est ce que révèlent les résultats du baromètre annuel de l’ITAA. Les membres de l’ITAA interrogés sont en effet moins nombreux à se dire inquiets par rapport au climat économique que l’année dernière. Alors que 72 % d’entre eux étaient préoccupés par la situation économique marquée par la crise énergétique, en octobre 2022, ils ne sont que 48 % à l’être aujourd’hui. Dans le même temps, le groupe des optimistes s’est lui aussi étoffé, passant de 5 à 12 %. Le sentiment est également un peu plus positif parmi les clients des membres de l’ITAA, à savoir les indépendants et les PME : leur confiance est repartie à la hausse pour 15% d’entre eux, contre à peine 9 % il y a un an. Pour 35% , elle a toutefois continué à diminuer mais c’est bien moins que dans le précédent baromètre (56%). Conséquence : la proportion d’indépendants et d’entrepreneurs qui prévoient de réduire leurs investissements l’année prochaine est également en recul. Alors que près d’un client sur deux (46%) des membres de l’ITAA songeait à diminuer ses investissements il y a un an, ils ne sont plus qu’un sur trois (32%) à l’envisager.

« Les résultats démontrent que le sentiment, tant parmi nos membres que parmi leurs clients, est moins négatif que l’an dernier à la même époque, constate Bart Van Coile, le président de l’ITAA. Toutefois, la prudence reste de mise car seulement 7 % des clients de nos membres (5 % fin 2022) affirment vouloir investir davantage l’année prochaine. » ​

Un secteur qui recherche des talents désespérément

Même si l’incertitude économique demeure, le secteur engage à tour de bras. Depuis 2014, le nombre d’employés dans les cabinets d’experts-comptables et conseillers fiscaux est passé de 15.000 à 20.000 personnes. La tendance se poursuit : 58% des membres interrogés affirment, en effet, vouloir renforcer leurs effectifs. Un résultat assez stable (56%) par rapport à l’année passée. Mais le problème c’est que 94% des membres de l’ITAA ne parviennent pas à trouver les talents recherchés. Parmi les principaux obstacles invoqués par les professionnels, on trouve la pénurie de main d’œuvre (72%), suivie par l’image de la profession (47%) et l’insuffisance de diplômés sortant des écoles (42%).

« La complexification de notre métier, les charges administratives qui se multiplient, la pression des échéances pèsent également sur l’attractivité du secteur », relève le président de l’ITAA.

Surcharge et lourdeurs administratives

De fait. Le surcroît de réglementations et les changements fréquents de législation qui entraînent une surcharge de travail administratif pour les membres de l’ITAA et les employés du secteur demeurent une préoccupation majeure du secteur. Les obligations et lourdeurs ​ administratives découlant de la législation anti-blanchiment ainsi que la frustration concernant le registre UBO arrivent toujours en tête des principaux problèmes pointés du doigt par respectivement 83 et 79 % des personnes interrogées.

« Cette année, souligne Bart Van Coile, nos membres ont été confrontés à d’autres difficultés qui ont accentué la pression sur leur travail : les couacs liés aux nouveaux délais fixés pour rentrer les déclarations fiscales, les bugs liés aux applications informatiques de l’administration, le nouveau Code des sociétés et des associations sans oublier le manque d’accessibilité des services du SFP Finances. L’ITAA appelle dès lors le gouvernement et celui qui lui succèdera à procéder à une véritable simplification administrative et fiscale, à mettre en place des outils performants et à favoriser une meilleure collaboration entre la profession et l’administration.» ​

De plus en plus de clients particuliers

Une autre tendance se confirme : de plus en plus de clients particuliers (qui ne sont pas des entrepreneurs) font appel aux services d’experts comptables et de conseillers fiscaux pour remplir leur déclaration fiscale IPP. Tout comme l’an dernier, 85% des membres interrogés ont été sollicités à cette fin.

« Cela s'explique en grande partie par la complexité accrue de la déclaration qui augmente le besoin d'être assisté par un expert aussi pour des déclarations d’employés par exemple. Les gens sont clairement perdus. Il faudra bientôt un diplôme d’ingénieur en informatique en plus d’un diplôme d’expert-comptable, estiment nos membres! », explique encore le président de l’ITAA.

Un rôle de conseiller qui s’accentue

La profession évolue. 92% des personnes interrogées pensent que l’expert-comptable/conseiller fiscal de demain aura besoin de compétences différentes. 80% d’entre elles estiment qu’en raison de la digitalisation, le métier évolue vers plus de conseils spécialisés. Et 67% d’entre elles sont convaincues que l’expert-comptable/conseiller fiscal doit assister son client ou l’entreprise pour laquelle il travaille dans son processus de digitalisation.

« Les experts-comptables et conseillers fiscaux ne sont pas que des professionnels du chiffre. Ils ​ jouent un rôle de conseiller auprès des entrepreneurs et chefs d’entreprise. Mais avec la complexité croissante de la législation et l’accélération de la digitalisation, ils sont appelés à se spécialiser de plus en plus. Et ils font office de sparring-partners, en les accompagnant aussi bien dans leurs développements que dans les moments de crise », conclut Bart Van Coile, le président de l’ITAA.